Lors du vernissage de l’exposition Fotomexcabia, à l’Espace culturel Paul Jargot de Crolles, mon petit speech d’entrée en tant que Président d’Explorer Humanity s’est fourvoyé et n’a pas assez insisté sur la beauté de cette exposition. J’ai pu être mal compris et m’en excuse auprès de tous ceux qui croient que je me focalisais sur une photo que je ne voulais pas voir. Mon propos ne se résumait pas qu’à cela. De plus, je ne souhaitais pas stigmatiser Jean-Félix.
A l’origine, le nom de cette exposition vient de cette contraction de mots : FOTO reprend l’idée du reportage photo, essence du périple, alors que MEX, CA et BIA représentent les trois pays les plus importants traversés : MEXico, le NiCAragua et ColomBIA dans leurs appellations d’origine. En voulant jouer sur les mots espagnols, deux verbes se cachent dans MEXCABIA : « mezclar » qui signifie « mélanger » et « cambiar » qui veut dire « changer ».
L’association Explorer Humanty a aidé Jean-Félix à monter son projet de voyage, de plus il a été suivi par l’association lors de son stage.
Cette exposition nous emmène depuis le Mexique jusqu’en Colombie, en passant par le Guatemala, le Nicaragua, le Salvador, le Honduras. Ce fut un périple qui a duré cinq mois. Je l’ai suivi de loin pendant ce périple, nous avons fait des émissions à radio Grésivaudan quant il était dans des coins impossibles et la transmission marchait. Je l’ai rejoint en Colombie.
De ce voyage, il nous montre ce que nous autres occidentaux n’avons pas l’habitude de voir : les diversités culturelles, les ethnies indigènes, les habitants d’Amérique latine et centrale qui vivent dans une certaine précarité. Malgré tout cela, il nous montre une joie de vivre. Les paysages y sont aussi présents et fort magnifiques. De plus, les portraits de jeunes, qui essayent de s’en sortir, montrent leur motivation. Rien n’est facile.
La photo qui m’a dérangé est celle d’un jeune colombien, armé, sur les hauteur de Medellin. Il faut savoir que les paramilitaires acteurs armés illégaux d’extrême droite règnent en maitre sur la ville. ils sont coupables de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre. J’ai eu des amis qui ont été tués par ces acteurs armés illégaux et cette photo ne me laisse pas neutre….
Mais l’exposition ne se résume pas qu’à la Colombie, pays difficilement compréhensible par sa violence, son conflit et de fortes disparités. Personne ne sort indemne d’un voyage au fond de la jungle où vivent les indigènes Embera que nous avons côtoyés non pas par curiosité, mais pour témoigner de leur condition de vie assez dure, puisqu’ils sont pris entre plusieurs feux : ceux de l’armée, des paramilitaires et des guérillas. Nous avons traité aussi du blocus alimentaire , mis en place par l’armée, puisque celle-ci les soupçonne de donner une partie de leur nourriture aux guérillas.
Il ne faut pas croire qu’en parlant de cette photo du jeune armé vers Medellin, je niais la valeur du travail réalisé et la beauté de cette exposition. Bien au contraire, nous sommes transportés par ses photographies et je le suis moi-même. Il y a une magie. A 25 ans, Jean-Félix a su voir ce qu’autres n’ont jamais vu ou pu transmettre.
D’autres portes restent ouvertes pour visiter cette Amérique centrale et cette magnifique exposition nous y emmène, nous pouvons suivre le photographe les yeux fermés, mais, ouvrons les, car tout est splendide et cela serait dommage de ne pas voir l’essentiel de ce que veut nous faire partager et transmettre le photographe Jean-Félix Fayolle.
Venez absolument voir cette exposition, elle le mérite . ..
Fernand Meunier