Nouvelles de Birmanie : Aung San Suu Kyi


Dans quelques jours, Aung San Suu Kyi aura 64 ans. Est-il encore possible d’espérer qu’elle fête son anniversaire en femme libre ? Alors que les dernières plaidoiries de son procès viennent d’être de nouveau reportées, la mobilisation des médias et de la communauté internationale retombe déjà. Les généraux sont habiles. Ils savent jouer du temps court de l’actualité, eux qui semblent bien peu pressés de voir une issue à ce procès. En le faisant traîner, ils peuvent ainsi se délester de la pression exercée par la communauté internationale sur eux lors de l’arrestation de Madame Suu Kyi.

Mais peut-on réellement parler de « pression » ? Les généraux se sont-ils, ne serait-ce qu’une seconde, inquiétés des conséquences de la tenue du procès et de la détention de la Prix Nobel de la Paix ? Certes Messieurs Obama, Brown, Sarkozy, Solana et bien d’autres ont exprimé leurs « vives préoccupations » quant à son état de santé, ont appelé à sa « libération immédiate », ou ont même décidé de la prolongation de sanctions… Mais a-t-on pu constater un seul effet de cet engagement « planétaire » en faveur d’Aung San Suu Kyi dans l’attitude de Than Shwe ? La Birmanie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a balayé d’un revers de manche les critiques en décrétant ne pas pouvoir accepter « les pressions et ingérences de l’étranger », car ce procès « est une affaire judiciaire interne et n’est pas en lien ni avec la politique ni avec les droits de l’Homme. »

Bien sûr les condamnations des responsables des principales puissances de la scène internationale sont nécessaires et remarquables. Mais, manifestement leur poids est à modérer tant il semble allégé par le silence de certains. Si les généraux paraissent complètement sourds aux critiques de Messieurs Brown ou Obama, qu’en serait-il de critiques émanant de Messieurs Hu, Medvedev ou même, soyons fous, de menaces de Monsieur de Margerie ?

Ce même Monsieur de Margerie, directeur de Total, qui répondait récemment à une lettre de Jane Birkin que son entreprise venait grandement en aide au peuple birman et que l’engagement de Total en Birmanie devait à terme servir les droits de l’Homme. Monsieur de Margerie pourrait peut-être, pour une fois, user de l’influence que lui procure la manne financière reversée par son entreprise au pouvoir birman et servir les droits de l’Homme « à court terme » ?

A l’instar de Monsieur Gordon Brown, nous invitons Messieurs Kouchner, Hu, Medvedev, les dirigeants des pays de l’ASEAN, et pourquoi pas Monsieur de Margerie, à fixer la caméra pour enregistrer leurs voeux d’anniversaire à Aung San Suu Kyi en la regardant pour une fois droit dans les yeux.

Bonne lecture,

L’équipe d’Info Birmanie

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