Alvaro Uribe quitte la présidence de la Colombie sur un bilan contrasté


| 07.08.2010 | 00:00

Juan Manuel Santos, 58?ans, remplacera aujour­d’hui Alvaro Uribe à la présidence de la Colombie. L’ancien ministre de la Défense succédera à un chef d’Etat charismatique, qui termine son deuxième mandat avec une cote de popularité atteignant les 75%, mais un bilan contrasté. «Alvaro Uribe laisse un pays plus sûr et plus riche, mais plus corrompu et plus inégal», résume l’hebdomadaire Semana.

Les partisans du président ne tarissent pas d’éloge sur celui «qui a redonné la sécurité et la confiance à la Colombie». Arrivé au pouvoir en promettant d’écraser la guérilla des FARC, le natif de Medellín a réussi à affaiblir considérablement la rébellion marxiste, avec l’aide de Washington.

Entre 2002 et 2010, les effectifs des rebelles seraient ainsi tombés de 20?000 à 10?000 combattants. Plusieurs dirigeants des FARC ont été abattus par l’armée, de nombreuses désertions ont été enregistrées et les plus célèbres des otages de la guérilla ont été arrachés aux mains de leurs geôliers.

«En 2002, on ne pouvait pas se rendre d’une ville à l’autre par la route sans risquer d’être tué ou séquestré. Aujourd’hui, grâce à la politique de sécurité démocratique, l’Etat a repris le contrôle du territoire national», matraque le gouvernement colombien. Selon les chiffres officiels, le nombre d’homicides a chuté de près de 50% pendant la présidence d’Uribe, et les enlèvements ont été divisés par cinq.

Des milliers de civils abattus

Les partisans du chef d’Etat louent aussi une croissance annuelle moyenne de près de 5% entre 2003 et 2007, et des investissements étrangers qui ont considérablement augmenté. En 2009, le gouvernement affirmait également avoir fait baisser le taux de pauvreté de 55% à 45%.

Pourtant, l’homme fort de la Colombie ne reçoit pas que des louanges. Bien au contraire. Car de nombreux scandales ont jalonné sa présidence. Ses opposants lui reprochent notamment d’avoir affaibli les institutions.

Le chef de l’Etat a d’abord changé la Constitution pour pouvoir être réélu en 2006. Et cela, en achetant des voix au Congrès. Il a ensuite tenté vainement de réécrire une nouvelle fois la charte fondamentale, afin de rester au pouvoir cette année. Ce que lui a finalement interdit la justice. Une justice avec laquelle il a maintenu un conflit constant ces dernières années.

Le Congrès a, de son côté, été totalement discrédité. Principalement par l’affaire de la «parapolitique». Plus d’une soixantaine de parlementaires, la plupart du parti présidentiel, ont été inculpés pour leurs liens avec les paramilitaires, ces sanguinaires milices d’extrême droite qui ont longtemps semé la terreur et la mort en Colombie.

Le pouvoir est aussi accusé d’avoir utilisé les services d’intelligence pour espionner illégalement des magistrats, des opposants politiques et des journalistes. L’armée n’a pas échappé non plus aux scandales. Les accusations de violations des droits de l’homme sont ainsi légion. La plus importante de ces affaires est celle dite des «faux positifs». Soit l’assassinat par des militaires de près de 2000 civils. Ceux-ci étaient ensuite vêtus de treillis pour être présenté comme des guérilleros tués au combat. Afin de gonfler les chiffres de la lutte contre la guérilla.

Enfin, de nombreuses ONG dénoncent que les chiffres de la violence sont repartis à la hausse depuis deux ans, principalement dans les campagnes, où des dizaines de milliers de familles sont toujours chassées de leurs terres chaque année.

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