En Russie, hommage à Anna Politkovskaia


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En Russie, hommage à Anna Politkovskaïa sous forte surveillance policière LEMONDE.FR avec AFP | 07.10.07 | 17h46 . Mis à jour le 07.10.07 | 18h49

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées, dimanche 7 octobre, à Moscou et Saint-Pétersbourg pour rendre hommage à la journaliste Anna Politkovskaïa, assassinée il y a un an, et réclamer en son nom que justice soit faite. Dans la capitale russe, plusieurs figures de l’opposition, dont l’ex-premier ministre Mikhaïl Kassianov, étaient présentes. « Il y a un an, Anna Politkovskaïa a été tuée de manière méprisable. Elle est morte en tentant de défendre la dignité humaine de tous les citoyens. Son nom est devenu synonyme de la plus haute autorité morale », a-t-il déclaré.

Des centaines d’agents du ministère de l’intérieur et de policiers entouraient les opposants mais la manifestation, autorisée, s’est ensuite dispersée sans incident. Auparavant, l’ancien champion d’échecs Garry Kasparov, leader du mouvement d’opposition l’Autre Russie, avait apposé une plaque dénonçant un « lâche » assassinat dimanche sur le mur de l’immeuble moscovite où vivait la journaliste, et déposé des roses devant sa porte. « Les gens sous-estiment l’importance de ce qu’elle a fait », a indiqué l’opposant politique, qui était accompagné d’une douzaine de personnes, elles-mêmes surveillées à distance par des policiers anti-émeute en tenue de camouflage. Il a expliqué ne pas avoir voulu participer à la manifestation, estimant qu' »il ne s’agissait pas d’un jour approprié pour l’action politique ».

L’ENQUÊTE PIÉTINE Anna Politkovskaïa, une des rares journalistes russes à avoir continué à couvrir le conflit en Tchétchénie, lancé en 1999, et à dénoncer les atteintes aux droits de l’Homme, a été assassinée le 7 octobre 2006 dans le hall de son immeuble à Moscou. L’assassinat n’a pas été élucidé. L’ONG Reporters sans frontières a dénoncé le manque de « sérieux » de l’enquête. Selon le Comité de protection des journalistes (CPJ), la Russie est le pays le plus dangereux pour les journalistes après l’Irak et l’Algérie. Le comité fait état de 42 journalistes tués en Russie depuis 1992, dont 13 depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir en 2000.

Fête au Kremlin pour les 55 ans de Vladimir Poutine La célébration en l’honneur d’Anna Politkovskaïa a coïncidé, dimanche, avec l’anniversaire de Vladimir Poutine, qui doit en principe être son dernier en tant que président de la Russie, la prochaine élection présidentielle étant attendue en mars 2008. M. Poutine a fêté ses 55 ans en recevant au Kremlin les responsables militaires du pays, entrés en force à tous les niveaux du pouvoir depuis son accession à la présidence il y a presque huit ans. Les membres du mouvement de jeunes pro-Kremlin « Nachi » avaient rendez-vous dimanche à Moscou pour célébrer l’anniversaire du président. – (avec AFP) Son portrait, par Daniel Desesquelle : Dans cet immense pays qu’est la Russie, il n’y a guère plus de 10 personnes à s’être vraiment levées contre la guerre en Tchétchénie. Anna Politkovskaïa était de celles-là mais elle était surtout l’une des seules journalistes russes à avoir enquêté sur le terrain et donc à raconter de manière indépendante cette sale guerre. Elle en avait ramené des reportages et des témoignages bouleversant pour son journal Novaïa Gazeta qui bien sur ont fortement déplu au pouvoir pour lequel cette guerre n’est que le front russe d’un combat mondial contre le terrorisme. Ces deux livres Voyages en enfer et Tchétchénie, le déshonneur russe ont aidé le reste du monde a comprendre l’horreur de cette guerre. Mais elle a récidivé en publiant un troisième livre ou elle décortique La Russie selon Poutine. Un ouvrage féroce contre le système mis en place par le n°1 du Kremlin.

Dans un pays où l’opposition a disparu, et ou plus personne n’ose critiquer même du bout des lèvres le président, il faut un sacré courage. Anna Politkovskaïa se savait menacée, elle avait déjà été victime d’une tentative d’empoisonnement à bord d’un avion, alors qu’elle se rendait une nouvelle fois dans le Caucase. Malgré cela elle avait choisi de rester en Russie pour donner du sens à son combat. Il faut croire que cette petite femme seule, frêle, aux cheveux blancs, usée avant l’age, effrayait encore ceux qui ont donné l’ordre de la tuer. A l’occasion de la sortie de son livre en français La Russie selon Poutine aux éditions Buchet-Chastel, Anna Politkovskaïa avait expliqué pouquoi elle n’aimait pas le président Poutine, c’était le 19 décembre 2005 .

http://www.rfi.fr/actufr/articles/082/article_46652.asp

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