« Lettre à Anna »
Conférence de Presse, PARIS
C’est Lundi 9 novembre qu’avait lieu à la SCAM de Paris la conférence de presse autour du film « Lettre à Anna », réalisé par Eric Bergkraut. Un film-documentaire en hommage au travail de la journaliste russe Anna Politkovskaïa, assassinée en octobre 2006 dans le hall de son immeuble à Moscou, et dont les commanditaires n’ont toujours pas été retrouvés trois ans après.
En présence d’Elena Kudimova, la sœur d’Anna Politkovskaïa, d’Elsa Vidal, modératrice du débat et Responsable du Bureau Europe et ex-URSS à Reporters Sans Frontières, et de la responsable du Bureau Russie et Europe de l’Est de la section française de l’ONG Amnesty International, les intervenants ont ainsi pu évoquer le travail de la journaliste, mais aussi le travail effectué par les reporters russes et étrangers, par les avocats, les militants des Droits de l’Homme, les ONG humanitaires présents dans cette région montagneuse qu’est le Caucase du Nord.
En introduction, Elsa Vidal a précisé que « la violence endémique dans la région dure depuis 15 ans. Anna avait à cœur de développer chez ses concitoyens la notion de responsabilité. Pour Ramzan Kadyrov (président de la République de Tchétchénie), la Tchétchénie est le pays le plus sûr du Caucase… Alors que les républiques voisines, comme l’Ingouchie ou le Daghestan, subissent aussi des exactions. Dans ce tableau assez sombre, un seul tchétchène a pu s’en sortir, grâce à l’implication et à la mobilisation de plusieurs ONG russes et françaises. »
La Russie figure au 153e rang mondial pour la Liberté de la Presse. Une place peu glorieuse… D’ailleurs, depuis que Vladimir Poutine puis Dmitri Medvedev sont au pouvoir au Kremlin, le nombre de journalistes et défenseurs des Droits de l’Homme assassinés a augmenté. Pour le réalisateur, « l’intérêt du public pour le travail d’Anna est la preuve que le public en a marre des news, d’entendre toujours la même chose. C’est un peu comme la faim dans le monde… » Il ajoute que « quand j’ai appris la mort d’Anna, j’ai été choqué bien sûr, mais pas surpris. Je me devais de faire ce film. La liberté d’expression est l’oxygène d’une démocratie. » Pour la sœur de la journaliste, « l’enquête se poursuit, contrairement à ce que prétend Medvedev. Deux suspects ont fait leur apparition, mais ils sont détenus pour d’autres motifs. » Pour Elsa Vidal, « c’est très représentatif des procédures administratives russes, volontairement compliquées et dans des dispositions plus que floues ». « Il y a tant de pistes à explorer, je ne peux pas dire quand l’affaire sera résolue. Évidemment le gouvernement fait tout pour que l’affaire soit classée le plus tôt possible. » Le film, lui, a été projeté en public, gratuitement, en Russie et au Centre Sakharov. Pour l’affaire, on parle de porter le dossier devant un Tribunal Pénal International.
Par Jérôme Diaz, Membre d’Explorer Humanity