L’OTAN et les TALIBANS


Réagissez à l’article. Ouvrez le débat sur des horizons nouveaux. Le rôle de l’Otan face au Moyen Orient? L’Europe et les Etats unis face aux crises du Moyen Orient?

 source: Le monde 30 avril

Le retour progressif des talibans en Afghanistan, avec des offensives de plus en plus vigoureuses à chaque printemps, notamment en 2006, et désormais une présence forte et déstabilisatrice dans plus de la moitié du pays pachtoune, est un signal d’alerte pour le pouvoir afghan et pour la coalition militaire de l’OTAN, menée par les Etats-Unis. De nouveau, le Sud afghan devient un théâtre de batailles, et les pays occidentaux engagés sur le terrain commencent à exprimer, à l’image de certains politiques et diplomates en France, de sérieux doutes sur les chances de victoire.

 Les « étudiants en religion » pachtounes, nourris au lait des services secrets et des madrasas du Pakistan, soutenus par le mouvement djihadiste Al-Qaida, gagnent du terrain dans le pays et dans les têtes des Afghans. Cette montée en puissance, cinq ans et demi après la chute de l’Emirat islamique taliban, est un échec majeur pour l’OTAN.

L’opération occidentale en Afghanistan souffre de multiples maux. Sur le plan militaire, alors qu’elle était destinée à traquer Ben Laden et à sécuriser un pays exsangue, la mission de l’OTAN a repris le chemin de la guerre, avec des soldats perçus comme des occupants arrogants et peu respectueux des coutumes locales, des bombardements meurtriers qui n’épargnent pas les civils et une incapacité à intimider des « seigneurs de la guerre » acharnés à préserver leur pouvoir et l’existence de leurs milices. Sur le plan économique, le gâchis est gigantesque : la moitié de l’argent dépensé va au fonctionnement propre des donateurs, et une partie de l’autre moitié disparaît dans les méandres d’une administration afghane corrompue. Sur le plan politique, le bilan n’est guère positif, le président Hamid Karzaï ne contrôlant réellement que la capitale, Kaboul.

Le résultat de ces échecs est que les pays présents en Afghanistan posent désormais des conditions drastiques à leur engagement, refusent d’être déployés dans telle province ou de combattre dans telle zone, quand ils n’envisagent pas, simplement, de retirer leurs troupes. Comme en Irak, l’opération se heurte à un dilemme presque insoluble : rester, c’est prendre le risque d’être entraîné dans une guerre d’ampleur et vouée à l’échec ; partir, c’est signer une défaite face à un mouvement islamiste totalitaire et pratiquant le terrorisme, tout en abandonnant à leur sort les Afghans qui ont misé sur l’intervention occidentale et, au-delà, sur la démocratie.

Si l’Amérique de George Bush ne paraît pas encore capable d’une réelle remise en question de ses opérations militaires afghane et irakienne, l’Europe doit de toute urgence, à propos de l’Afghanistan, se poser la question de la nature de son intervention. Il en va de sa crédibilité, de celle de l’OTAN, et de sa capacité future à intervenir dans des conflits hors de ses frontières. source: Le Monde.

 RAPPEL:

L’Otan est un élément de l’engagement de la communauté internationale en Afghanistan. Cette alliance militaire a pour but d’établir un plan d’action qui permet au gouvernement afghan de jouir d’un climat durable de paix et de stabilité.
 

L’OTAN est engagée sur trois fronts :
 

_Elle dirige, sous mandat de l’ONU, la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS), force internationale de quelque 30 000 soldats qui aide les autorités afghanes à exercer et à étendre leur pouvoir et leur influence sur l’ensemble du pays.
 

_Faire progresser le volet politico-militaire de l’engagement de l’Alliance dans le pays.
 

_Un  programme de coopération avec l’Afghanistan axé sur la réforme de la défense, l’établissement d’institutions de défense et les aspects militaires


 

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